Ce sont tout d'abord les journaux eux-mêmes qui parlèrent du Titanic comme étant un paquebot insubmersible. En effet, dès 1911, des journaux comme, notamment "The Shipbuilder" écrivent à propos du navire :
" Avec les cloisons transversales et les portes étanches du Titanic, cela rend ce navire pratiquement insubmersible."
Pourtant, la White Star Line (compagnie maritime), n'a jamais affirmé que ses navires étaient d'une sécurité parfaite mais elle ne démentit pas non plus les rumeurs lançaient par les journaux et pour cause : la clientèle se faisait de plus en plus nombreuse et par conséquent, le navire devenait plus rentable.
Mais c'est surtout après le naufrage, que la presse joua un rôle important...
Philip Franklin, le Vice-Président de la White Star Line, reçut un appel durant la nuit du 14 au 15 avril 1912 de l'Associated Press l'informant de la collision du Titanic avec un iceberg. Les journalistes, avides d'informations et de précisions sur cet évènement pressèrent Franklin de parler. Or, il ne savait rien et répondit donc que -le paquebot était insubmersible et qu'il ne fallait pas se faire de soucis-, en essayant de paraître rassurant.
Le 15 avril 1912, il reçut à nouveau un message disant que le Titanic partait pour Halifax remorqué par Le Virginian et que toutes les personnes à bord étaient saines et sauves. Il avertit donc la presse qui répercuta la "bonne" nouvelle.
Ces informations contradictoires ainsi que les listes de rescapés incomplètes alimentèrent les inquiétudes des proches, amis, familles des passagers et aussi plus généralement de l'opinion publique.
Chaque journal écrivait des versions différentes si bien qu'on s'est vite retrouvé dans une pagaille et qu'on ne savait plus qui croire et qui ne pas croire.
Dans son édition du 15 avril 1912, le New York Times est le premier qui décide de consacrer sa Une au naufrage sans pour autant être tout à fait sûr de ses informations. Carr Van Anda, son rédacteur en chef, fit quand même publier l'article car il déduit que le Titanic avait coulé vu que rien n'avait été reçu depuis les premiers messages radio.
Les premières éditions écrivirent que le paquebot était en train de couler et que les canots étaient déjà à la mer. Puis la dernière édition annonça qu'il avait coulé.
Le New York Times prit ainsi tout ses concurrents de court en donnant ses informations et en travaillant en urgence, à un tel point qu'on oublia d'ôter la publicité pour l'annonce du retour du Titanic prévu pour le 20 avril 1912.
Lorsqu'on fut sûrs et certains que le Carpathia ramènerait les rescapés à New York au quai n°54 de Cunnard Line, la police fit tendre des cordes pour libérer des espaces et pour que les rescapés puissent partir rapidement. Des journalistes et d'autres personnes vinrent alors voir par curiosité et se firent des places le long des cordes, mais en attendant l'arrivée des rescapés, il fallait que les journalistes continuent d'entretenir l'intérêt de leurs lecteurs... Ils écrivirent, par exemple, qu'un passager, était resté à cheval sur un morceau de glace pendant 4h, qu'une autre passagère avait vu l'iceberg 1h avant la collision, que 6 personnes avaient été abattues comme des chiens et aussi qu'un banquier faisait office d'opérateur radio sur le Carpathia pendant le voyage retour...
Et en effet, les informations données par le Carpathia étaient fragmentaires et pour cause ! Harold Cottam, l'opérateur radio du Carpathia et Harold Bride, l'opérateur radio adjoint rescapé du Titanic reçurent un rapide message du New York Times leur proposant de vendre leurs témoignages contre une somme d'argent importante.
Par la suite, le rédacteur en chef du New York Times , confiera que ces témoignages ont été achetés pour 1000 dollars. Les deux opérateurs radio se sont donc partagés cette somme comme ils le voulaient.
Il se dit aussi que Bride aurait perçu 500 dollars en plus provenant d'un journal londonien. Il aurait donc touché au total entre 500 et 1000 dollars c'est à dire l'équivalent de 1 an et demi à 3 ans de son salaire. Cottam de son côté, a reconnu avoir reçu 1250 dollars.
Alors qu'on attendait l'arrivée du Carpathia, les journalistes furent tenus à l'écart des quais de débarquement et s'installèrent dans les hôtels où ils n'hésitèrent pas à installer des lignes téléphoniques les reliant à leurs bureaux. Le New York Times loua un hôtel complet.
Même si le gouvernement américain avait donné son accord, la Cunnard Line interdit aux reporters et aux familles d'embarquer du Carpathia, mais cela ne stoppa pas les journalistes pour autant...
En effet, à son arrivée au port le 18 avril, le Carpathia fut entouré par un certain nombre de petits bateaux. Chacun d'entre eux, avait à son bord des journalistes qui criaient avec des mégaphones en tendant de grands panneaux sur lesquels étaient inscrites diverses questions ou des offres de paiements pour des témoignages exclusifs tandis que d'autres reporters avaient achetés leur passage à bord du bateau pilote New York. Mais les explosions fréquentes dues au lampe au magnésium et aux flashs des photographes fit distancer le Carpathia de tous ces bateaux. Alors qu'il ralentissait, plusieurs reporters essayèrent de grimper à l'échelle afin de monter sur le navire ce qui n'échappa pas à Eric Ress, le 3e officier qui les repoussa rapidement. Pourtant, l'un d'eux, un journaliste du Globe parvint à l'éviter mais il fut presque immédiatement arrêté sur le pont puis il fut conduit auprès du Commandant qui lui fit promettre de rester sur la passerelle jusqu'à l'accostage. Il tint sa promesse comme il l'avait promis. Par la suite, ce reporter raconta tout ce que cette position avantageuse sur le navire lui avait permis de voir : les éclairs de flashs, les milliers de personnes rassemblées pour observer l'arrivée...
Enfin, lorsque les rescapés débarquèrent, ils furent accueillis par 30 000 personnes amassées sur le quai,par les flashs des photographes, par les reporters hurlant des questions...qui restèrent sans réponse. Et pour cause : abasourdis, épuisés, choqués, ils restèrent indifférents à toute cette foule.
Du 19 au 25 avril 1912, pendant les travaux de la Commission Sénatoriale américaine d'enquête sur le naufrage, beaucoup de journaux ont soutenus leur président : le Sénateur Républicain William Aden Smith. Le New York Evening Mail et le New York Times, titres de la presse populaire du groupe dirigé par le magnat William Randolph Hearst, soutinrent également le Sénateur Smith.
Un des éditorialistes du New York Herald écrivit à ce sujet :
"Ce pays a besoin de savoir pourquoi tant de citoyens américains ont perdu la vie du fait de l'incompétence des marins britanniques, et pourquoi tant de femmes et d'enfants ont été envoyés à la mort alors que tant d'hommes d'équipage ont été sauvés."
Pour conclure, on peut donc dire que la presse a tenu un rôle assez important dans la transmission d'informations sur le naufrage à l'opinion publique. Ce sont eux qui sont à l'origine des rumeurs d'insubmersibilité et aussi des informations mensongères concernant par exemple les listes de rescapés, le nombre de victimes et d'autres rumeurs.
The Boston Daily Globe; 15 avril 1912____________________The Colombus Evening Dispatch; 15 avril 1912
The Evening Sun; 15 avril 1912____________________'_____The New York Tribune; 15 avril 1912
The Globe; 16 avril 1912_____________________'_________The Pittsburg Dispatch; 16 avril 1912
The St. Louis Post-Dispatch; 16 avril 1912___________-_____The World; 16 avril 1912
L'Humanité; 16 avril 1912____-__L'Humanité; 17 avril 1912___________________L'Humanité; 18 avril 1912
Le Temps; 17 avril 1912______x_Journal des Débats; 17 avril 1912_________'___Le Gaulois; 17 avril 1912
Le Figaro; 16 avril 1912________Le Figaro; 17 avril 1912
La Presse; 16 avril 1912____-___La Presse; 17 avril 1912
Le Petit Parisien; 16 avril 1912___Le Petit Parisien; 18 avril 1912
L'Ouest Éclair; 16 avril 1912_____L'Ouest Éclair; 17 avril 1912
La Croix; 17 avril 1912_______-__La Croix; 18 avril 1912
Le Matin; 18 avril 1912______-___Le Matin; 24 avril 1912
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